Préfecture du Finistère, capitale de la Cornouaille, le rayonnement de
Quimper va bien au-delà de son statut de ville moyenne (63 550
habitants). Culture, vie associative, loisirs, environnement...
l'agglomération quimpéroise est un pôle d'activités attractif.
A
15 km des côtes atlantiques, Quimper est une ville résolument ouverte
sur le monde et l'Europe, mariant harmonieusement tradition et
modernité, qui a vu naître de nombreuses personnalités, parmi lesquelles René Laennec, médecin inventeur du stéthoscope en 1781, et des navigateurs tels que Philippe Poupon, Roland Jourdain ou Jean Le Cam... (www.quimper.fr)
Au début du XIIIe siècle, la politique de Philippe-Auguste instaure de
manière pratiquement définitive l'influence de l'Ile-de-France sur la
Bretagne, soutenue par une administration d'origine française.
Dès
1239, l'évêque de Quimper, Raynaud, lui aussi d'origine française,
décide la fondation d'un nouveau chœur destiné à remplacer celui de
l'époque romane. Il entame ainsi, à l'extrême ouest, le chantier d'une
grande cathédrale gothique qui va s'inspirer des constructions
d'Ile-de-France et devenir à son tour un lieu d'expérimentation d'où
sortiront plus tard des formules adoptées par toute la Basse Bretagne.
Le
chœur présente quatre travées droites avec déambulatoire et chapelles
latérales. Il est prolongé vers l'est d'un chevet à trois pans qui ouvre
sur un rond-point formé de cinq chapelles et d'une chapelle absidale de
deux travées et à chevet plat consacrée à la Vierge.
La nef est
formée de six travées dont une au niveau des tours de la façade et
flanquée de doubles bas-côtés, un large et un étroit (fractionné en
chapelles latérales) dans le prolongement des dispositions du chœur. Un
transept saillant relie ces deux parties, dont l'importance rappelle le
programme des grandes cathédrales d'Ile-de-France au début du XIIIe
siècle.
La date de 1239, qui marque la volonté de
l'évêque, n'implique pas une construction immédiate. L'observation des
profils des piliers, de leurs bases, des chapiteaux, l'implantation des
croisées d'ogives du déambulatoire ou l'alignement des travées laissent
au contraire imaginer que la construction s'est étalée dans le temps.
Les
quatre piliers circulaires marquent le début du chantier, mais les
quatre suivant adoptent un plan en losange qui peut traduire un
changement de maître d'œuvre . Les maladresses dans les voûtements du
déambulatoire nord, des naissances des croisées d'ogives sur les
tailloirs du déambulatoire sud ou du choix des voûtes en carole du
rond-point qui permettent le raccordement de la chapelle d'axe au chœur
malgré des problèmes manifestes d'alignement traduisent les hésitations
et les influences diverses dans ces premières campagnes de travaux qui
peuvent s'étaler jusques vers le début du XIVe siècle.
L'élévation
à trois étages, arcades, triforium et baies parait beaucoup plus
uniforme et traduit cette fois l'influence de l'architecture
anglo-normande dans l'affirmation de l'épaisseur du mur (passage normand
au niveau des baies) ou des effets décoratifs ( fortes moulurations,
frise décorative sous le triforium). Ce chantier a du être mené d'un
seul jet. Sans doute interrompu par la guerre de succession (1341-1364),
il s'achève par la construction des voûtes à lierne (1410) et la pose
des vitraux. L'évêque Bertrand de Rosmadec et le duc Jean V dont les
armoiries vont orner ces voûtes achèvent donc le chœur avant de lancer
le chantier de la façade et de la nef.
La première
pierre des tours dont le chantier va durer une trentaine d'années est
posée en 1424. Il va être marqué par la volonté ducale qui se manifeste
par un « mécénat » extrêmement actif qu'on retrouve sur les autres
chantiers de l'époque (Le Folgoat, Locronan).Cette façade qui découle de
la façade française à deux tours, intègre néanmoins l'influence
anglaise avec la présence de deux baies en plein cintre sous un pignon
triangulaire. Les tours, elles mêmes issues des clochers normands,
découlent des recherches de Notre-Dame du Mur à Morlaix et du clocher du
Kreisker à Saint-Pol de Léon. Le jeu décoratif et la prolifération des
lignes verticales ne laissent pas percevoir l'importance des contreforts
ornés de pinacles qu'on retrouvera partout dans l'architecture
cornouaillaise et notamment serviront de modèle direct à de nombreux
clochers (Locronan, Pont-Croix, Saint-Herbot, Saint-Tugen, Carhaix ou
Ploaré). Par ailleurs, jusque dans la plus petite chapelle rurale se
retrouveront des éléments issus de ce vocabulaire flamboyant jusqu'au
18ème siècle, à l'origine de ce qui apparaît véritablement comme un
style régional.
En même temps que
s'élevait cette façade (à laquelle il faut adjoindre les portails nord
et sud), démarraient par l'est les travaux de la nef qui sera achevée
vers 1460.
Son plan s'inscrit dans l'exacte continuité du chœur
tandis que les bas-côtés s'alignent sur le déambulatoire et les
chapelles latérales. L'élévation reprend, avec un triforium aveugle, la
balustrade en quatre-feuille et le passage normand le parti du chœur.
C'est là un véritable archaïsme au XVe siècle. Cette unité ne saurait
pourtant masquer une esthétique absolument opposée : là où le chœur
affirmait une verticalité avec des colonnettes montant de la base des
piliers à la naissance des voûtes, on peut voir au contraire dans la nef
la présence de l'horizontalité, chaque étage étant souligné par un
bandeau.
L'absence d'alignement entre
le chœur et la nef suscite un certain nombre d'interrogations pour
lesquelles ont été proposées de multiples interprétations. Présente dans
de nombreuses autres églises de façon moins marquée, on y voit
généralement une orientation symbolique reprenant la position de la tête
du Christ sur la croix. Des interprétations plus techniques sont
cependant souvent avancées, notamment celles évoquant la nécessité
d'asseoir la construction de la nef sur des bases stables en l'éloignant
du cours de l'Odet qu'un alignement rigoureux aurait rendu trop proche.
Il faut aussi souligner le fait que le chantier du transept fut mis en
œuvre en tout dernier lieu comme si on avait repoussé au dernier moment
les problèmes de raccordement (vers 1460). Il faut noter à cet égard la
particularité de la chapelle qu'il a fallu rajouter au chœur du côté sud
pour se raccorder au transept. Elle nécessita alors la reprise de la
dernière travée du déambulatoire, qui fut « rallongée », laissant ainsi
le pilier sans retombée d'ogive.
Pour les voûtements de la nef et
du transept, on retrouve le même parti que dans le chœur avec le lierne
continu. Les différentes armoiries présentes sur les clés de voûtes
permettent par ailleurs de préciser des datations qui situeraient
l'achèvement des voûtes et leur mise en peinture de 1486 à 1500. On peut
aussi avancer les mêmes datations pour la pose des verrières hautes.
Isolée
de son environnement au XIXe siècle, la cathédrale est au contraire, à
l'origine, très liée à son environnement. Son emplacement détermine les
circulations dans la ville et l'orientation de la façade. Le
positionnement à proximité de l'enceinte sud a occasionné des
dispositions particulières comme le transfert des portails latéraux sur
les façades nord et sud des tours : le portail sud, portail
Sainte-Catherine, desservant la porte de l'évêque et l'hôpital implanté
sur la rive gauche (préfecture actuelle) et le portail nord, porche des
baptêmes, véritable porche paroissial avec ses bancs et les niches pour
les statues des apôtres tourné vers la ville et complété par un ossuaire
(1514). Le porche occidental trouve lui sa place naturelle entre les
deux tours. Toute l'esthétique de ces trois portails ressort de l'époque
flamboyante : quatre-feuilles, choux-frisés, fleurons, grands gâbles
qui coupent les moulurations et balustrades. Des pinacles et des niches
ornent les contreforts tandis qu'apparaît tout un bestiaire : monstres,
chiens, personnages énigmatiques, gargouilles et avec eux, tout un
imaginaire au service d'un programme religieux et politique. Si la
plupart des statues de saints a disparu, par contre subsiste un armorial
qui fait des portails de la cathédrale une des plus belles pages
héraldiques qu'on puisse imaginer : hermine ducale, lion des Montfort,
blason de la duchesse Jeanne de France voisinent avec les armes des
barons de la Cornouaille avec heaumes et cimiers. Il nous faut par
ailleurs imaginer l'impact de ce décor sculpté avec la couleur et la
dorure qui le complétait.
Au début du XVIe siècle on s'apprêtait à
construire les flèches quand le chantier fut interrompu, sans doute
pour des raisons financières. On posa donc des petites toitures coniques
au sommet des tours. Les siècles qui suivirent furent essentiellement
consacrés à la mise en place de mobilier (monuments funéraires, autels,
statues, orgues, chaire à prêcher). Il faut noter l'incendie qui fit
disparaître la flèche de la croisée du transept en 1620, ainsi que le
sac de la cathédrale en 1793 où pratiquement tout le mobilier disparut
dans le "brûlis des saints".
C'est donc d'un bâtiment
pratiquement achevé mais mutilé que le XIXe siècle va hériter et qu'il
va s'employer à remettre en état suivant les goûts et les théories de
l'époque.
Les maisons à pans de bois font partie depuis longtemps du paysage urbain. Témoignage d'un savoir-faire médiéval, ces constructions ont jalonné les siècles, du XIVe jusqu'au XIXe qui en a progressivement abandonné l'usage et les techniques.
Véritable puzzles de bois, ces maisons font aujourd'hui la fierté de la plupart des villes bretonnes. Grâce à elles, il est possible d'imaginer Quimper au temps des ducs, quand deux pouvoirs rivalisaient, le pouvoir de l'évêque dans la ville close et celui des ducs sur l'autre rive du Steïr, dans la Terre au Duc. Aujourd'hui encore, les deux grandes concentrations d'immeubles à colombage correspondent à ces deux anciens centres et à leurs artères principales. D'un côté, la rue Kéréon, prolongement de l'axe de la cathédrale, de l'autre, la place Terre au Duc.
De nos jours à Quimper, 73 maisons à pans de bois sont conservées, allant de la première moitié du XVIe siècle au XIXe siècle. Ces maisons dans leur conception sont la traduction des organisations urbaines de la fin du Moyen-Âge alliant les circulations intra-muros à la répartition des commerces et ateliers artisanaux de type familial par corporations. La plupart des maisons sont construites sur un parcellaire étroit qui permet à un plus grand nombre de propriétaires d'avoir « pignon sur rue » tout en réduisant les longueurs de bois nécessaires à la portée des étages. Le rez-de-chaussée est réservé au commerce. Dans la plupart des cas, la boutique, séparée de la cuisine par une cloison, communique avec la rue par de larges ouvertures dont les volets rabattus forment les étals où sont présentées les denrées à vendre. Les étages sont occupés par la pièce à vivre et les chambres, les combles servent de grenier. Comme dans les maisons en pierre, la qualité architecturale, souvent reflet de celle des propriétaires, se manifeste par le décor extérieur (statuettes, inscriptions) et par les aménagements intérieurs (escalier en vis, cheminées, éviers et placards).
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