C’est en
1101 qu’est fondée l’Abbaye Royale de Fontevraud, par un prédicateur
iconoclaste et visionnaire : Robert d’Arbrissel. L’ordre qu’il crée a
pour particularité d’être "double" (hommes et femmes) et d’inclure des
personnes de toutes origines sociales. L’Abbaye de Fontevraud est alors
envisagée comme une "cité idéale" , un lieu d’exaltation de la foi
dédié à la prière et au travail, dans l’abstinence, le silence et la
pauvreté. L’ordre de Fontevraud essaime rapidement sur un vaste
territoire, allant de l’Angleterre à l’Espagne.
À
partir de 1189, Fontevraud devient nécropole royale, abritant les
sépultures d’Henri II, d’Aliénor d’Aquitaine et de Richard Cœur de Lion.
En 7 siècles, 36 abbesses, souvent issues de la haute noblesse, et
parfois de sang royal, se succèdent à la tête de l’Abbaye. Peu à peu, un
relâchement de certaines règles se fait sentir, allant de pair avec une
ouverture à la vie mondaine. Nous sommes loin de l’ascèse originelle
quand, au 17ème siècle, sous le "règne" de l’abbesse Gabrielle de Rochechouart, nommée par Louis XIV en personne, on y joue Esther de Racine !
En
1792, suite à la Révolution, la dernière abbesse de Fontevraud est
chassée. Douze ans plus tard, l’Abbaye est transformée en maison
centrale par décret napoléonien. Fontevraud, qui accueille jusqu’à 2 000
prisonniers, est alors considéré comme l’une des plus dures prisons de
France. Pendant la guerre 39-45, plusieurs résistants sont incarcérés
puis déportés. Dix sont fusillés sur place...
En
1963, la prison est fermée et le chantier de restauration des bâtiments
commence à grande échelle. En 1975, l’Abbaye Royale ouvre au public,
mettant ainsi un terme à neuf siècles de vie à huis clos et ouvrant la
voie à cette "cité idéale" – pour reprendre l’expression de son
fondateur - que l’on peut visiter aujourd’hui. (www.fontevraud.fr)
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